Ils s’amusent comme des
gamins gourmands : ils
trempent le doigt dans la
sauce, soulèvent le couvercle du
fait-tout, testent la cuisson des pâtes,
cassent les oeufs dans un cul de poule,
découpent les poivrons en lamelles et
s’essaient l’un après l’autre à décoller
de la plaque brûlante la feuille
de brick, fine et blanche comme du
papier à cigarette. La bonne humeur
règne dans les cuisines, où s’agitent
une vingtaine de chefs, dans leur
veste blanche brodée à leur nom et
à leur drapeau. Ils sont allemand,
anglais, américain, canadien, chinois,
espagnol, estonien, finlandais, français,
hollandais, indien, islandais,
israélien, italien, luxembourgeois,
monégasque, russe, sud-africain,
sud-coréen, suisse.
Ce matin, ils prennent un cours
de cuisine marocaine sous la direction
de Rachid Agouray, chef de
La Mamounia, chargé des réceptions
officielles du roi du Maroc, et de sa
brigade de femmes, car ici, traditionnellement,
ce sont elles qui cuisinent.
Des mammas rieuses, ravies d’accueillir
ces cuisiniers si accessibles
même s’ils côtoient chaque jour les
grands de ce monde.
Ils sont ici pour le congrès annuel
du Club des Chefs des Chefs (C.C.C.),
qui réunit les chefs de cuisine des
chefs d’État – roi, président – ou des
Premiers ministres. Un cercle très
fermé, qui a fêté l’an dernier ses
40 ans. (...)